Un an après le cyclone Chido, l’Afpa mobilisée pour une reconstruction durable de Mayotte

Un an après le passage du cyclone Chido, Mayotte continue de faire face à des défis humains, sociaux et économiques majeurs. Aux côtés des acteurs du territoire et des services de l’État, l’Afpa (Agence nationale pour la formation professionnelle des adultes) se mobilise en deux temps : des actions immédiates, déjà engagées, puis le déploiement progressif d’un plan ambitieux de montée en compétences, dans le cadre du plan « Mayotte debout » piloté par l’État. Objectif : renforcer les compétences locales pour que les Mahoraises et les Mahorais soient les premiers acteurs d’une reconstruction durable. 

Cette mobilisation repose sur trois priorités : faciliter l’accès à des formations qualifiantes, développer des compétences adaptées aux réalités climatiques et sociales de Mayotte, et associer les entreprises mahoraises à l’effort de reconstruction.

Des publics mahorais déjà accueillis en formation en métropole sur les métiers prioritaires

Dans le cadre du plan « Mayotte debout » piloté par l’État, l’Afpa contribue d’ores et déjà à l’effort de relèvement de l’île en mobilisant ses centres de formation en métropole. Depuis plusieurs mois, des Mahoraises et des Mahorais sont accueillis dans un dispositif spécifique construit avec les partenaires institutionnels et de l’emploi — notamment France Travail, le Département de Mayotte et les acteurs locaux. Ce dispositif cible les métiers identifiés comme les plus structurants pour la reconstruction de l’île et son développement durable.

Parmi ces métiers figurent notamment :
•    les métiers du bâtiment (maçonnerie, électricité, plomberie, canalisations),
•    les métiers liés à l’eau et à la régénération des milieux (gestion des eaux pluviales, érosion, assainissement),
•    les métiers de la construction durable, valorisant les matériaux locaux,
•    les métiers de la logistique et du transport (conduite d’engins, gestion de chantiers, acheminement de matériaux),
•    ainsi que les métiers de l’agroforesterie et de la transformation locale.

En 2025, une vingtaine de sessions de formation ont déjà été programmées dans les centres Afpa de métropole, pour une capacité d’accueil estimée en année pleine à plusieurs centaines de stagiaires issus de Mayotte. Ces parcours permettent une mise en qualification rapide sur des titres professionnels du ministère du Travail, avec des formations pour partie prises en charge par France Travail et le Département de Mayotte en complément des places pouvant émarger aux Programmes régionaux de formations des Régions, ces parcours incluant hébergement et accompagnement pris en charge par LADOM avec qui l’Afpa a signé une convention nationale. Ils constituent une première réponse opérationnelle à l’urgence des besoins tout en posant les fondations d’une montée en compétences durable des publics mahorais.

Un déploiement progressif pour contribuer à la reconstruction

L’accès à la formation reste complexe : distances, faible mobilité, maîtrise inégale du français, fracture numérique. Pour lever ces freins, l’Afpa a repensé ses approches, renforcé son ingénierie pédagogique et propose de déployer, en lien avec les acteurs locaux et les services de l’État, plusieurs actions complémentaires. C’est dans ce cadre que l’Afpa a déposé 3 dossiers en vue d’un financement via le Secrétariat général pour l’investissement (SGPI).

A)    Renforcer les compétences socle et langagières : sécuriser l’accès à la qualification 
 
L’Afpa souhaite compléter l’accès aux formations en France métropole par des actions accessibles sur place dans le cadre de son offre digitale. Elle souhaite à cet effet mettre en place des parcours visant la consolidation des compétences en français des publics mahorais pour lesquels le français est une langue seconde. 

Ces formations, en cours de conception, s’appuieront sur des solutions innovantes afin de tenir compte des difficultés rencontrées par les publics :

•    un agent conversationnel en shimaoré ;
•    des formateurs-accompagnateurs locaux présents dans des espaces numériques en proximité des zones d’habitats ;
•    un accompagnement hybride combinant un formateur Afpa à distance et un conseiller numérique sur place, au sein des espaces numériques partenaires mobilisés dans le cadre du projet.

B)    Stimuler les pratiques locales essentielles pour assurer l’habitabilité de l’île, dès aujourd’hui

Mayotte est fortement impactée par la crise de l’eau, parfois accessible à la population seulement quelques jours par semaine. Dans ce contexte, l’Afpa proposera d’accompagner, dans le cadre de ses formations, la régénération du cycle de l’eau, notamment par le développement de pratiques régénératives des sols, intégrées à l’économie locale, avec deux titres professionnels nouveaux, conçus pour Mayotte :

•    Titre Professionnel « Ouvrier en régénération du cycle de l’eau », formant à l’hydrologie régénérative, à la gestion des eaux pluviales et à la lutte contre l’érosion ;
•    Titre Professionnel « Constructeur en terre, terre allégée et fibres locales », valorisant les matériaux naturels du territoire (terre, bambou, raphia, fibres végétales) dans des méthodes de construction sobres et adaptées à Mayotte.

Ces qualifications répondront aux besoins des programmes GeMAPI (Gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations) et s’ancreront dans les ressources locales pour soutenir une reconstruction durable, en valorisant notamment des pratiques telles que l’agroforesterie et la gestion des berges de cours d’eau. L’objectif sera de réduire les risques (inondations, glissements de terrain, maintien de la biodiversité) tout en contribuant à une économie locale autour de la production de matériaux de construction.

C)    Déployer des “plateaux mobiles” de formation en containers : apporter la formation dans les communes

Pour pallier l’absence de plateaux techniques de formation disponibles et les difficultés de mobilité, l’Afpa proposera de déployer des ateliers mobiles de formation installés dans des containers aménagés, développés avec La Varappe (groupe français de l’économie sociale et solidaire spécialisé dans l’insertion et l’éco-construction). Présente à Mayotte, La Varappe mettra à disposition son expertise dans l’aménagement de containers et le recyclage de structures modulaires pour créer des ateliers pédagogiques robustes et adaptés au climat local.

Ces unités autonomes permettront d’accueillir, tout au long de l’année, des sessions sur les métiers essentiels au relèvement de l’île — maçonnerie, électricité, canalisations, bois, agroforesterie — et pourront former jusqu’à 1 000 personnes par an, en apportant la formation directement dans les communes. Ce dispositif permettra également de développer une offre aujourd’hui peu accessible à Mayotte : former à des techniques du bâti mobilisant des matériaux biosourcés disponibles sur l’île.

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