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Décryptage 30/10/2025

Les métiers du nucléaire : décryptage d’un secteur qui recrute

100 000 postes à pourvoir d'ici 2030, des salaires attractifs, une stabilité rare sur le marché de l'emploi... Et pourtant, le nucléaire peine à recruter. Entre l'ombre de Tchernobyl et la promesse d'une électricité bas-carbone, ce secteur cristallise les débats. Décryptage d'une filière en pleine mutation qui pourrait bien transformer votre carrière.

Pourquoi le nucléaire recrute autant ?

En France, on compte plus de 10 000 offres d’emploi disponibles actuellement sur France Travail et 100 000 recrutements sont prévus d’ici 2030 selon les projections de la filière nucléaire. Cette croissance s’explique par plusieurs facteurs structurels.

Un renouvellement générationnel nécessaire : De nombreux départs à la retraite nécessitent de former une nouvelle génération de professionnels. Il faut transmettre les compétences et maintenir le niveau d'expertise qui fait la réputation de la filière française.

Des projets structurants d'envergure : La prolongation de la durée de vie des centrales existantes grâce au programme Grand Carénage, le développement des petits réacteurs modulaires SMR (Small Modular Reactors) et la construction lancée en 2022 par Emmanuel Macron de 6 nouveaux réacteurs EPR2 opérationnels d’ici 2034.

Le paradoxe français : 46% des Français sont favorables au nucléaire selon l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Malgré tout, les candidatures restent très limitées. La raison ? Des idées reçues tenaces et des questions légitimes.

Les idées qui freinent les candidats (h2)

Idée N°1 : Travailler dans le nucléaire est dangereux ! (h3)

L’ombre du passé. Impossible d'ignorer Tchernobyl (1986) et Fukushima (2011). Ces catastrophes ont marqué les esprits, causé des milliers de victimes et rendu inhabitables des zones entières pour des décennies. Le risque zéro n'existe pas, et 94% des Français en sont conscients (selon le baromètre ASN 2023). Pour autant, le nucléaire en France s’est construit sur une culture de sûreté rigoureuse. Aujourd’hui, 56% des Français jugent efficaces les contrôles de sûreté selon l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), un chiffre qui grimpe à 69% chez les populations vivant près des centrales.

Le nucléaire français repose sur des procédures strictes et encadrées, des équipements de protections modernes et des suivis médicaux renforcés pour tous les salariés. L'Autorité de sûreté nucléaire réalise des audits permanents. Les recruteurs recherchent d’ailleurs des profils méthodiques et rigoureux, capables de travailler dans un environnement hautement réglementé. Travailler dans le nucléaire, c'est accepter cette ambivalence de contribuer à une énergie bas-carbone tout en sachant que certaines questions restent ouvertes comme la gestion à long terme des déchets ou le démantèlement des centrales.

Idée N°2 : Le secteur du nucléaire ne recrute que des ingénieurs

Faux. Contrairement à ce que l’on peut croire, sur les 220 000 salariés du nucléaire , la majorité occupe des métiers techniques accessibles sans diplômes d’ingénieur. Le secteur développe aussi activement la diversité et l'inclusion.

Les semaines des métiers du nucléaire 2025 ont mis l’accent sur l’accueil de profils variés : jeunes, femmes, seniors, personnes en situation de handicap et habitants des quartiers prioritaires. Que vous ayez 18 ans ou 50 ans, les portes sont ouvertes !

Cette accessibilité ne signifie pas que c'est facile. Ces métiers exigent une rigueur extrême et une capacité à travailler dans un environnement où les procédures doivent être suivies à la lettre.

Idée N°3 : Le nucléaire est un secteur en plein déclin !

Les faits disent le contraire. Le secteur connaît une croissance importante qui contraste avec les années 2000-2010. Les innovations technologiques comme les SMR et les nouveaux réacteurs, la modernisation des centrales existantes et l'urgence climatique placent le nucléaire au cœur de la stratégie énergétique nationale.

À l'échelle mondiale, une trentaine de pays construisent de nouveaux réacteurs. Les EPR chinois ont été livrés dans les temps. Après des années difficiles, la filière française regagne du terrain et doit reconstituer ses compétences.

Combien gagne-t-on vraiment dans le nucléaire ? 

Parlons chiffres concrets. Les salaires dans le nucléaire sont compétitifs et évolutifs aussi bien pour les ingénieurs (jusqu’à 40000 euros en débutant) que pour les autres branches de métiers comme soudeurs, chaudronnier etc.… :

  • Pour les débutants : entre 20 000 à 40 000 euros par ans selon le métier
  • Pour les profils expérimentés : de 45 000 à 124 000 euros l’année et plus.

En plus du salaire, le secteur offre de nombreux avantages sur le marché de l'emploi :

  • Stabilité de l'emploi : Des postes non délocalisables, ancrés dans les territoire.
  • Évolution rapide : Le secteur favorise la montée en compétences et la mobilité interne
  • Formation continue : Investissement massif dans le développement des compétences
  • Primes et avantages : Rémunération attractive complétée par des primes liées à la technicité    
  • Impact sociétal : Contribution directe à la production d'électricité bas-carbone

Quels sont les compétences recherchées par les recruteurs ? 

Au-delà des compétences techniques indispensable acquises en formation, les recruteurs privilégient entre autres :

  • L’esprit d’équipe : travailler en coordination avec d’autres corps de métiers
  • Adaptabilité : évolution constante des technologies et des réglementations
  • Rigueur et respect des procédures et de la sécurité : indispensable dans un environnement qui demande beaucoup de vigilance
  • Responsabilité : conscience de l’impact et de l’importance de chaque geste professionnel au quotidien
  • Précision : une qualité primordiale pour garantir la sûreté des installations.

Comment se former pour travailler dans le nucléaire ? 

L’Afpa : partenaire officiel de la filière du nucléaire 

L’Afpa joue un rôle clé dans la formation aux métiers du nucléaire pour répondre aux besoins massifs de recrutement dans la filière. En mai 2025, nous avons   signé une convention de partenariat officielle avec l’UMN (Université des métiers du nucléaire) pour faire découvrir les métiers du nucléaire aux personnes éloignées de l’emploi et d’expérimenter les nouveaux parcours adaptés aux besoins des entreprises.

Le centre Afpa de Cherbourg : la référence nationale

Le centre Afpa de Cherbourg est spécialisé dans les formations liées au nucléaire, avec un espace de 400m² dédié dont la structure correspond exactement à ceux des centrales. Vous n'apprenez pas sur des schémas : vous manipulez des équipements industriels réels. Le site travaille est en collaboration avec EDF Flamanville pour former aux métiers de la maintenance du nucléaire.

Deux formats de formation possibles :

  1. Formation en présentiel (5 à 10 mois) : Cursus intensif avec stages en entreprise. Financement possible via le CPF, Pôle Emploi ou la Région. Idéal si vous êtes disponible à temps plein.
  2. Formation en alternance, la solution optimale : L'alternance représente la meilleure option pour maximiser vos chances d'embauche :

L'alternance a plusieurs qualités

  • Rémunération : de 27% à 100% du SMIC selon l'âge (soit 500 à 1 750 € net/mois)
  • Expérience valorisée : immersion terrain qui impressionne les recruteurs
  • Réseau professionnel : contacts directs avec EDF, Orano, Framatome
  • Embauche facilitée : souvent en CDI directement en fin de contrat

Les formations Afpa disponibles 

L'Afpa propose 8 formations certifiantes adaptées aux besoins de la filière nucléaire. Toutes délivrent un titre professionnel reconnu par l'État et sont disponibles en présentiel ou en alternance.

Métiers de la tuyauterie et de la soudure

Tuyauteur industriel (7 mois) : Vous réalisez et assemblez des tuyauteries complexes pour les circuits des installations nucléaires.
 En présentiel    alternance

Soudeur en tuyauterie industrielle (8 mois) : Vous maîtrisez les techniques de soudage spécifiques aux circuits nucléaires, avec certification obligatoire.
 En présentiel    alternance

Soudeur assembleur industriel (6 mois) : Vous assemblez et soudez des ensembles métalliques pour les structures nucléaires.
 En présentiel   alternance

Métiers de la chaudronnerie

Agent de fabrication et montage en chaudronnerie (5 mois) : Vous fabriquez et assemblez des pièces de chaudronnerie destinées aux installations.
 En présentiel    alternance

Technicien en chaudronnerie (9 mois) : Vous réalisez des ouvrages complexes et assurez leur contrôle qualité selon les normes nucléaires.
 En présentiel   alternance

Métiers de l'électricité et de la maintenance

Électricien d'installation et de maintenance des systèmes automatisés (8 mois) : Vous installez et maintenez les systèmes électriques et automatisés des centrales.
 En présentiel    alternance

Technicien d'équipement et d'exploitation en électricité (9 mois) : Vous assurez l'exploitation et la maintenance des équipements électriques industriels.
 En présentiel   alternance

Technicien supérieur de maintenance industrielle (10 mois, niveau Bac+2) : Vous gérez la maintenance préventive et corrective des installations nucléaires.
 En présentiel    alternance

Ce qu'il faut retenir sur le secteur nucléaire en 5 points 

  1. Le secteur est en forte croissance : On compte plus de 100 000 recrutements prévus d’ici 2030 et les emplois sont stables et non délocalisables.
  2. Une évolution professionnelle accélérée : Des formations continues, une montée en compétences favorisée et une mobilité interne.
  3. Un impact sociétal positif : Les profils contribuent à la transition énergétique et à la production d’électricité bas-carbone.
  4. Rémunération attractive : des salaires élevés, des primes et des avantages
  5. Accessibilité : Le secteur est ouvert à la reconversion, à l’alternance et pour tous les profils inclusifs.

Questions pratiques 

Peut-on se former sans le bac ?

Oui, absolument. De nombreux métiers sont accessibles avec un CAP ou un bac professionnel. L'alternance permet de compenser un niveau scolaire modeste par une expérience terrain solide.

Quel âge pour se reconvertir ?

Le secteur recrute de 18 à 50 ans. De nombreux profils seniors sont recherchés pour leur maturité et leur expérience professionnelle.

Le secteur recrute-t-il des femmes ?

Oui, c'est même une priorité affichée. Le nucléaire cherche activement à se féminiser. Des actions concrètes sont mises en place pour faciliter l'intégration des femmes.

Faut-il habiter près d'une centrale ?

Pas nécessairement. Certains métiers sont en bureau d'études, en ingénierie ou en logistique et ne nécessitent pas d'être sur site nucléaire. Mais les postes de maintenance et d'exploitation, oui.