Incubateur CMP : témoignages des intervenants de l'agence Speedernet
Un incubateur de compétences destiné au métier de Concepteur Médiatiseur Pédagogique (CMP) a débuté le 22 avril à Vénissieux et Clermont-Beaumont. À cette occasion nous avons eu l'opportunité d’échanger avec deux intervenants clés de l'agence Speedernet, spécialisée dans le Digital Learning.
Speedernet est reconnue pour son expertise dans la création de contenus de formation numériques innovants et immersifs.
Dans cette interview, Nicolas Lozancic, associé chez Speedernet et spécialiste de la production audiovisuelle, ainsi que Joseph Felix, ingénieur pédagogique et concepteur référent, nous partagent leur expérience de cette première session de formation.
• Pouvez-vous nous préciser pour quels types de compétences l’Afpa vous a sollicité dans le cadre de l'incubateur CMP ?
Nicolas Lozancic : J’ai été sollicité principalement pour une partie du programme qui porte sur la création et la gestion de l'image au sens large, avec un gros module consacré à la vidéo et une petite introduction, une mise en bouche photographique. |
Joseph Felix : J'ai été sollicité pour le bloc sur la réalisation des ressources pédagogiques, à peu près à mi-parcours. Dans un premier temps, les stagiaires ont eu des cours sur la conception ; je suis intervenu pour leur apprendre la réalisation de modules de formation en utilisant l'outil auteur de référence sur le marché, qui est Articulate Storyline. Il s'agissait de prendre en main le logiciel, d'apprendre à créer des quiz simples et complexes, de monter un module de formation de A à Z, en passant par la sélection, le tri des contenus, la structuration et le séquençage des contenus, le montage dans le module avec la rédaction des textes, ainsi que la conception visuelle des écrans, c’est-à-dire la mise en forme, la disposition des éléments à l'écran, leur animation et leur synchronisation avec les voix off. Je suis aussi intervenu, à la toute fin, pour donner un cours sur la démarche qualité, notamment le contrôle qualité, l'évaluation heuristique, et tout ce qui doit être mis en œuvre pour les cycles de relecture.
• En quoi les compétences travaillées avec les apprenants répondent-elles à un besoin du marché ?
N.L. : Cela rejoint une expression que j'ai utilisée encore ce matin sur les réseaux sociaux, qui parle de « cellules souches ». Les trois "cellules souches" principales sont : le son, l’image sous toutes ses formes, et l’histoire que l’on raconte. Ces trois éléments sont les fondements de l’audiovisuel, que l’on applique à la formation, la communication, les loisirs, le tourisme, le documentaire... Quel que soit le secteur, ces trois éléments sont majeurs et fondamentaux, surtout avec les outils numériques d’aujourd’hui.
J.F. : Le programme (proposé par l’AFPA) est bien aligné avec les étapes de notre processus de production de modules, et les compétences enseignées répondent aux réalités du marché, contrairement aux formations plus académiques. En tant que concepteur, j’interviens pour différents grands groupes, ce qui m’a permis de leur apporter une vision de plusieurs secteurs, chacun ayant ses spécificités et contraintes. L’objectif était qu’ils soient le plus opérationnels possible sur le terrain, en ayant toutes les bonnes pratiques en tête.
• Quelle est la place de la formation CMP dans le paysage des formations existantes ?
N.L. : Je ne connais pas précisément toutes les formations du secteur, mais je dois dire que j’ai été agréablement surpris par la qualité du programme proposé par l’Afpa. Je trouve la formation très complète par rapport à ce que je vois ailleurs, notamment à l'université dans des Masters en ingénierie pédagogique multimédia. Ces masters sont plus théoriques, parfois un peu désuets. À l'inverse, le programme de l’Afpa est très pragmatique et orienté vers l’employabilité, ce qui le rend très intéressant. Nous avons également eu une certaine liberté pour intégrer nos propres compétences et expériences dans les échanges avec les participants.
J.F. : Je pense que c'est un véritable avantage de faire intervenir des professionnels en exercice.. J’ai pu non seulement leur apprendre à utiliser le logiciel, mais aussi les sensibiliser aux problèmes qu’ils rencontreront en situation professionnelle et leur partager les bonnes et mauvaises pratiques que j’ai acquises par expérience.
• Quel bilan tirez-vous de cette expérience avec les stagiaires sur cette session ?
N.L. : Nous avons eu suffisamment de temps pour aborder chaque thématique en profondeur, ce qui est rare. J’ai aussi remarqué une certaine tendance au perfectionnisme chez les stagiaires, sans doute liée à leur parcours professionnel antérieur. Cela m’a étonné, et j’ai dû m’adapter en étant plus vigilant, car les participants ont une exigence élevée envers eux-mêmes.
J.F. : Je les ai trouvés très motivés et investis. C’était un enrichissement dans les deux sens. Leur reconversion professionnelle apporte aussi une richesse particulière, notamment dans les discussions que j’ai animées sur les choix pédagogiques. Ils ont beaucoup de choses à apporter, tirées de leurs parcours antérieurs. C'est l'avantage de ces formations ouvertes aux professionnels en reconversion. Leur vécu professionnel a ainsi enrichi nos échanges, et ils ont contribué à la richesse de la formation.
Pouvoir suivre les stagiaires pendant trois semaines est bien plus satisfaisant que les formations de quelques jours que j’assure habituellement. J’ai été touché de voir leurs progrès, depuis leurs débuts où ils ne connaissaient rien à l’outil, jusqu’à la phase de projet où ils ont appliqué tous les enseignements.